Yo!
J'ai trouvé un petit truc (encore!) qui m'a fait sourire ce matin...
Vous connaissez la photographe montréalaise Heidi Hollinger? Non? Bien maintenant, oui! --> http://www.heidihollinger.com/ Elle a longtemps vécu en Russie (10 ans) avant de revenir s'installer pour de bon à Montréal. Elle a fait des photos incroyables de personnalités russes très connues et de citoyens russes ordinaires. J'aime!
Bon, voilà pour le contexte.
Maintenant, voici l'article en question et l'extrait qui nous intéresse en caractères gras:
La Presse
Arts et spectacles, mercredi 17 mai 2006, p. ARTS SPECTACLES3
Société distincte
Petrowski, Nathalie
"Heidi Hollinger n'est pas qu'une photographe douée. C'est une diplomate hors pair chez qui Josée Werner aurait intérêt à prendre des cours de rattrapage. Voilà en effet une femme capable de réunir dans un même petit local le premier ministre du Québec, sa femme et ses deux enfants, la ministre de la Culture et son conjoint, la femme du chef du Bloc québécois, Bernard Landry et Chantal Renaud, sans oublier Mitsou, Dan Bigras, Andrée Watters, Michel Girouard et son chihuahua.
Lundi, tout ce beau monde a répondu à l'appel de la belle et s'est pointé au vernissage de sa nouvelle exposition de photos: Société distincte.
Dans ma vie, j'ai assisté à suffisamment de vernissages pour savoir que ceux qui affichent complet sont rares, surtout s'il s'agit d'une expo de photos. Mais Heidi Hollinger a le don de faire fondre les préjugés, de charmer tout le monde et son frère et de les convaincre de se présenter à des événements qui diffusent toujours un léger parfum de jet-set.
Cette fois en plus, elle avait un argument de taille puisque les noms cités au début de cette chronique ont posé pour elle. Leurs portraits font partie de l'exposition, d'où leur empressement à accepter son invitation.
La grande qualité de cette photographe montréalaise a toujours été et demeure son habilité à révéler des facettes inconnues de ses sujets. Sa nouvelle expo en fait foi. Ainsi, le portrait de Jean Charest nous le montre décontracté et en jeans, un sourire torve accroché aux lèvres pendant que Michou lui chuchote affectueusement à l'oreille - une photo qui tranche avec la pudeur quasi frigide dont les deux font preuve en public.
Plus loin, le portrait de Gilles Duceppe, tout de noir vêtu et toujours aussi élégant, nous fait oublier le chef du Bloc québécois et découvrir le mannequin de Hugo Boss et d'Armani qui sommeille en lui. À sa gauche, un portrait de Pauline Marois fait ressortir le vert extraordinairement clair de ses yeux et ouvre la fenêtre sur une femme dont on se demande si elle est douce, rêveuse ou gelée comme une balle.
Et entre Duceppe et Marois, Chantal Renaud resplendit, drapée dans un drapeau du Québec qu'elle porte sans rien d'autre à l'exception d'une minuscule croix en or lovée dans le creux de sa clavicule.
À cette galerie s'ajoutent les portraits de Pierre Pettigrew, de Michaëlle Jean, mais aussi d'une foule d'artistes allant d'Anne-Marie Cadieux à Marie-Claire Blais en passant par une Véronique Cloutier étalée de tout son long sur sa chaise comme une ado baveuse qui s'emmerde à l'école.
En parcourant l'exposition, ce qui m'a d'abord frappée, c'est la beauté lisse et lumineuse de chacun des visages, signe que même si la perfection n'est pas de ce monde, le procédé Photo Shop et son face lift numérique peuvent créer l'illusion qu'elle existe. D'ailleurs à voir les mines réjouies des invités, de toute évidence, tous étaient tombés amoureux de leur image magnifiée.
L'autre aspect marquant de cette expo, c'est le choix du titre Société distincte alors qu'il n'a rien de très distinct dans la plupart des personnalités dont Heidi a croqué le portrait.
Par distinct, j'entends qui ne se confond pas avec quelque chose d'analogue ou de voisin comme le veut la définition du dictionnaire. Distinct dans le sens qui a du caractère, du tempérament et du chien. Or, je n'ai pas vraiment trouvé ces qualités-là dans les personnalités qui ont posé pour Heidi.
Exception faite de Chantal Renaud, délicieusement provocante dans son drapeau québécois, tous les autres acteurs de sa société distincte sont beaux, chics, souriants et esthétiquement impeccables. Personne ne détonne. Tout le monde est montré sous son meilleur jour, sans ride, rictus, bouton ni tenue criarde ou cravate de travers. À un point tel que je me suis mise à douter de l'authenticité des humains cachés derrière ces portraits.
Mon doute s'est poursuivi à la maison. Sur la table à café, The Russians Emerge, le livre de photos de Heidi sur la société russe avec une préface de Mikhail Gorbatchev, clignotait comme un néon.
J'ai commencé à le feuilleter et à me délecter de cette galerie d'excentriques réunissant en vrac un politicien lubrique en bobettes, un cosmonaute aux grosses mains noueuses de paysan, des musiciens pop le pantalon baissé, une mariée tatouée, une staliniste couverte de médailles, un top model de 72 ans, une journaliste fétichiste qui collectionne des objets de politiciens, sans oublier la nièce coquine de Lénine et l'arrière-petit-fils impénitent de Staline, autant de personnages plus grands que nature et qui donnent l'image d'une société folle et excessive, à des années-lumière de la nôtre.
Évidemment, ce n'est pas parce que les Russes font de bonnes photos que leur pays marche rondement ou que l'on voudrait y vivre. D'ailleurs ce n'est pas pour rien si, après 10 ans de vie commune avec la Russie, Heidi a décidé de prendre ses cliques et ses claques et de revenir à Montréal.
Il n'en demeure pas moins que ce que j'aime des Russes du livre de Heidi, c'est leur naturel, leur manque d'affectation et leur abandon total à l'objectif de l'appareil photo. Contrairement aux Québécois, les Russes n'ont pas cherché à se montrer sous leur meilleur jour ni à protéger leur sacro-sainte image. Et tant pis s'ils venaient à peine de découvrir le sens du mot image, leur candeur devrait nous inspirer. Leur audace et leur fantaisie aussi.
Après tout, à quoi bon vouloir être une société distincte si cette distinction ne se résume à rien de plus qu'avoir l'air distingué devant un appareil photo?"
Intéressant, non? Moi, c'est entre autre pour ça que je les aime, les Russes. Ouais. :)
Gros bisous!
Votre russophile-forever-ever-ever,
M. -xxx-
mercredi, mai 17, 2006
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1 commentaire:
.......
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