Rebonsouère!
Ma gang de gâtés pourris! Un autre article pour vous ce soir! Je ne dirai qu'un nom: Maurice Druon. Vous en avez sans doute entendu parler. Sinon, OÙ ÉTIEZ-VOUS??? Voici l'article paru le 16 janvier 2006 dans la Presse:
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La Presse
Nouvelles générales, lundi 16 janvier 2006, p. A1
L'ACADÉMICIEN DÉNIGRE LES "FÉMINISATIONS ABSURDES"
Maurice Druon se moque du " parler pittoresque " des Québécois
Dolbec, Michel
Paris - Gardien intransigeant d'une langue " pure ", le secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie française, Maurice Druon, juge que les Québécois s'expriment dans un " parler pittoresque " forgé à une époque où ni Corneille ni Racine n'avaient fixé les règles du français.
" J'aime beaucoup les amis canadiens. J'apprécie beaucoup leur parler pittoresque, a déclaré l'auteur des Rois maudits sur Radio France Internationale. Mais, tout de même, n'oublions pas que la langue québécoise a été importée dans le Nouveau Monde surtout du parler poitevin, avant Corneille et Racine, avant Boileau, avant Voiture, avant Vaugelas, avant l'Académie, qui a fait de la langue française une langue très sûre, très pure, très exacte. " Maurice Druon prenait part sur RFI à un débat sur la féminisation des mots, à laquelle l'Académie française s'oppose avec la dernière énergie. Fidèle à ses positions, le romancier a repoussé les " féminisations absurdes " comme celles proposées au Québec, où, sous l'influence des " ligues féminines des États-Unis ", on a revendiqué " d'être féminisé à tout va ".
Intervenant dans le débat depuis Québec, Pierrette Vachon-L'Heureux, linguiste de l'Office de la langue française, s'est amusée de l'analyse " très sympathique " de Maurice Druon, mais a souligné qu'elle " correspondait peu " à la réalité.
" La féminisation est un problème sociolinguistique. C'est la société qui la demande ", a-t-elle expliqué, avant de rappeler comment le Québec a commencé à répondre à cette attente dès 1979, en encourageant l'utilisation du mot " agente ", réservé jusque-là à l'espionne Mata Hari.
Maurice Druon a répondu à sa " charmante interlocutrice canadienne " en imitant l'accent québécois: " Soyons pas niaiseux. Il faut pas m'achaler là-dessus ".
" Ce n'est pas au Québec que j'irai prendre des leçons de langue française ", a-t-il dit, après avoir fait remarquer que c'est l'Académie française (et non l'OLF) qui est " chargée de donner des règles à la langue ".
" Que les Québécois fassent ce qu'ils veulent, mais nous sommes chargés de garder la correction de la langue française, a ajouté l'académicien. Nous n'acceptons pas d'atteintes à la grammaire. Nous n'acceptons pas que de mettre un e au bout des mots, comme professeure ou recteure, soit du bon français. "
Auteur d'une oeuvre importante, bien connu des lecteurs du quotidien conservateur Le Figaro, Maurice Druon siège au Quai Conti depuis 1966. Il a cédé son poste de secrétaire perpétuel à Hélène Carrère d'Encausse il y a quelques années.
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Ouais. Il a dit ça. Petit commentaire intéressant de Alex Lauzon sur le sujet (voir les hyperliens à gauche) et une belle lettre qui "varge" en réponse aux propos de M. Druon de Marc Cassivi, toujours dans la Presse:
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La Presse
Arts et spectacles, jeudi 19 janvier 2006, p. 1
Chronique
Lettre à Maurice Druon
Cassivi, Marc
Maurice, Maurice, comment tu me parles? Tu te fous de ma gueule ou quoi? Ton truc, c'est pas réglo. T'aimes pas la façon dont les Québécois tchatchent?
C'est bon, mec, pas la peine de nous insulter en plus. C'est vachement condescendant " mes amis canadiens " et " leur parler pittoresque ". T'aimes bien, évidemment...
" Mais, tout de même, que t'ajoutes, n'oublions pas que la langue québécoise a été importée dans le Nouveau Monde surtout du parler poitevin, avant Corneille et Racine, avant Boileau, avant Voiture, avant Vaugelas, avant l'Académie, qui a fait de la langue française une langue très sûre, très pure, très exacte. "
Maurice, Maurice. Le Nouveau Monde. Tu parles comme un croisé à l'époque des rois maudits. Comme dans ton roman, tiens. Délivrons les indigènes du mal et tout et tout. Corneille, on vient à peine de vous l'envoyer. Vous le confondez avec les Beatles. Et alors? Tu ne vas pas nous tenir responsables de ça aussi?
Tu veux que je te dise, mon secrétaire perpétuel honoraire préféré de l'Académie française? Tu me les casses. Pas dans le fond, dans la manière. Y a pas à lire trop entre les lignes pour comprendre que tu nous prends pour des tarés, des cousins consanguins et illettrés, des ploucs abandonnés par le Royaume qui n'ont jamais eu accès au Verbe.
Ton plaidoyer pour une langue " pure ", je vais te dire, il me fout un peu les boules. Non mais sans blague, c'est un peu craignos, ton truc. La pureté de la langue. Vous parlerez comme des académiciens sinon... Sinon quoi, Maurice? Tu nous confisques nos dictionnaires? Tu fais interdire l'Office de la langue française? Tu excommunies Marie-Éva de Villers?
Faut être un peu barjot pour accuser les Québécois de niquer la langue française. Hé ho! l'immortel, de quoi j'me mêle? On caille ici, faut pas nous faire chier en plus. Nous aussi, on préfèrerait se faire cramer sur une plage de la Réunion. Mais tu vois, on n'entretient pas artificiellement des DOM-TOM, nous. On n'a jamais été colonisateurs. On t'a prévenu, Maurice, que le Québec n'était pas un territoire outre-mer français?
Tout ça parce que chez nous, on dit " madame la ministre " et " madame la professeure ". Tu préférerais qu'on dise " la nana du ministère " ou " la meuf de la fac ", peut-être? Je comprends que pour toi, une gonzesse sera toujours une gonzesse.
Ce n'est pas parce que les Français déclinent la femme en une multitude d'appellations contrôlées, considérées vulgaires ou familières par le Petit Robert, qu'il faut oublier que, dans la forme, le masculin l'emporte sur le féminin.
Je vais te dire un truc, Maurice. Je suis d'accord avec toi: il ne faut pas féminiser la langue française à outrance. Pourquoi dire " quelqu'une "? Je ne sais pas si c'est comme ça chez toi, mais au Québec, les politiciens, les syndicalistes, même les hommes d'affaires- tu piges, Maurice? J'te cause des mecs qui font du business- tous ces mecs s'adressent, lors de discours (les speechs, Maurice, les speechs), " aux Québécoises et Québécois ". Cette lourdeur obséquieuse m'horripile, sans doute autant que toi.
N'empêche, Maurice, que la langue, comme le reste, évolue. On n'est plus au temps de Racine. Je sais, je sais, lorsque tu avais mon âge, il n'existait pas de femmes ministres ou de femmes professeures d'université. La chose doit être difficile à comprendre pour toi. Ce n'est pas une raison pour que la langue reste figée dans le gras de canard. Tu passes pour réac', mon pauvre Momo. Dis, tu calcules encore ta rente de l'Académie en francs anciens, toi? Demande à ta banquière de te convertir ça en euros... " Ce n'est pas au Québec que j'irai prendre des leçons de langue française. " Maurice, Maurice. Ça ne sert à rien de s'énerver comme ça. C'est mauvais pour le coeur. C'est possible que tu ne sois plus dans le coup. Après tout, l'Académie française n'est pas l'institution la plus progressiste qui soit. L'Académie, c'est plutôt crado. Il te faudrait être plus lucide. Ne sais-tu pas que la France est bien mal placée pour donner des leçons à qui que ce soit?
Il faut ne pas être sorti souvent de la Comédie-Française pour croire qu'en France, on parle toujours la langue de Molière. N'importe quel Québécois maîtrisant un français dit "international", à moins d'avoir été initié à un lexique parigot inconnu des dictionnaires, pourrait ne rien comprendre d'une conversation banale dans un café parisien. Pas parce que les Québécois ne connaissent pas la langue française. Mais bien parce que le français parlé quotidiennement par le Français moyen s'est peut-être encore davantage régionalisé, au cours des dernières décennies, que le français parlé au Québec.
Tu veux que je te dise, Maurice: les Français ne se font plus comprendre de tous les francophones avec leurs anglicismes ridicules, leurs néologismes au goût du jour et leurs expressions bigarrées. Alors plutôt que de nous saouler avec ton mépris paternaliste à la con, observe un peu ce qui se passe dans ta propre cour. Pas seulement celle de l'Académie, mais celle de Paname, de la province et des cités. Tu y trouveras sans doute matière à t'offusquer. Allez, Maurice, je t'embrasse. À plus.
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Je n'ai ABSOLUMENT rien à ajouter à ça! Tout a été dit. Amen! Vous, vous en pensez quoi?
Il me reste encore quelques petits trucs à dire... Je reviens pour une troisième et dernière partie! Une trilogie? OUI!
Votre c'est-rien-qu'un-début,
M. -xxx-
samedi, janvier 21, 2006
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2 commentaires:
Absolument fantastique !
Regénial !
Lili
xxx
Honnêtement, Marc Cassivi a raison en maudit dans son texte. Oui ok, c'est vrai qu'il y a certains Québécois qui parlent mal, mais il ne faudrait pas trop généraliser..
Si Momo a lu le texte, il devait être en *$?&! ... mais c'est ce qu'il méritait :)
Amen ;P Bonne journée cousine! xxx
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