mercredi, avril 02, 2008

À lire...

Bonjour.

Bon, je sais que Richard Martineau ne fait pas l'hunanimité (je connais des gens qui le boycottent). Mais moi je l'aime. La plupart du temps. :)

Je vous invite à lire cet article de lui paru dans le magazine Elle Québec d'avril. Je l'ai dévoré jusqu'à la dernière ligne. C'est tellement moi. Je n'ai peut-être jamais été dans la rue et n'ai peut-être jamais pris de drogues mais je sais exactement ce que peut ressentir la jeune dont il est question dans ce texte. Je pense EXACTEMENT la même chose.

Bonne lecture! (Et bonne méditation!)

Tout le monde en parle
La télévision serait-elle plus intéressante et excitante que notre propre vie? Oui, si on se fie aux conversations de bureau!

Par Richard Martineau

La télé meuble notre vie

Récemment, j'ai discuté avec une jeune femme qui a passé quatre ans dans la rue. Elle dormait dans les ruelles, passait ses nuits dans le métro ou les parcs... Un jour, après une surdose d'héroïne qui l'a menée directement à l'hôpital, elle a décidé de se sortir du trou et de trouver du travail.

Savez-vous ce qui a été le plus difficile quand elle est revenue vivre «dans le vrai monde»? Ce n'était pas l'obligation de respecter un horaire ni celle de «s'habiller propre». C'était la qualité – ou plutôt la piètre qualité – des conversations. «Quand tu vis dans la rue, m'a-t-elle dit, tu ne parles pas de la température ni du dernier match des Canadiens, tu vas à l'essentiel. Les conversations sont profondes: tu parles de tes joies, de tes peines, de tes rêves, des expériences humaines que tu as vécues. Or, quand je me suis retrouvée dans un bureau, je me suis rendu compte que les gens normaux ne parlent que d'une seule et unique chose: ce qu'ils ont vu à la télé la veille. C'est tout ce qui les intéresse...»

Pour la plupart des gens, le monde de la rue est étrange, voire effrayant. Pour cette jeune femme, c'est la vie dite normale qui lui donne l'impression d'être sur la planète Mars. À son retour dans le traintrain quotidien, elle n'arrivait pas à établir un contact avec quiconque, et avait l'impression que tout le monde parlait klingon... Faites-en vous-même l'expérience: la prochaine fois que vous irez à la cafétéria ou au distributeur d'eau, écoutez ce que vos collègues de travail racontent. Vous verrez: trois fois sur quatre, ils parlent de la télé... «As-tu vu telle émission? Regardes-tu telle série?» Quand ils s'obstinent, c'est pour savoir si le Bye Bye de 2007 était plus drôle ou moins drôle que le Bye Bye de 2006. C'est ça, le gros débat de l'heure. C'est ça qui nous passionne...

Je n'ai rien contre la télé. J'ai même déjà écrit un bouquin prenant la défense du petit écran. Mais quand TOUTES les conversations tournent autour de la télé, quand vous êtes incapable de discuter avec vos proches sans faire allusion au Banquier ou à Tout le monde en parle, il y a un problème.

Au Québec, si vous n'écoutez pas la télé trois heures par jour, vous êtes un paria. Vous ne saisissez pas les références culturelles du commun des mortels et la plupart des conversations vous passent cent pieds par-dessus la tête. Et quand vous regardez des émissions humoristiques qui sont censées parodier l'actualité, vous ne comprenez rien car, dans la plupart des cas, ces émissions en parodient d'autres!

Ce qui est bizarre, avec les gens qui écoutent souvent la télé (c'est-à-dire 99,9 % de la population), c'est qu'ils parlent de personnages fictifs comme s'il s'agissait de leurs amis. Jack Bauer a été kidnappé par des terroristes arabes? Ils sont tout à l'envers. Le beau Nate, de la série Six Feet Under, vient de mourir? C'est tout juste s'ils ne s'habillent pas en noir... Ça fait maintenant plus de cinq ans que la jeune ex-sans-abri avec qui j'ai discuté travaille dans un bureau. Mais elle ne s'est toujours pas habituée à ces conversations superficielles... C'est d'ailleurs ce qui lui manque le plus de son ancienne vie dans la rue: pas le froid, ni la dope, ni la «liberté» (qui est en fait la pire forme d'esclavage), mais de vrais échanges. Avec du vrai monde, qui parle des vraies affaires. Elle ne prend plus d'héro, la belle Isabelle... mais elle a la vague impression que tous les gens autour d'elle sont gelés.

Article publié originalement dans le numéro d'avril 2008 de ELLE QUÉBEC

Merci!

Votre toute dévouée,

M. -xxx-

2 commentaires:

Anonyme a dit...

C'est vrai qu'il est bon cet article. Il a raison en disant qu'au Québec, nous sommes constamment en train de parler de télévision...! Et c'est vrai que parfois, nos conversations sont plates en maudit ...

Mais.. je fais quand même partie de ce 99,9% qui regarde ses émissions favorites à la télé. Sauf que, je parle rarement de cela avec les gens de mon entourage.

Bye cousine! xxx

Anonyme a dit...

J'ai toujours été un grand fan de Richard Martineau. Je le lisait déjà assidument à l'époque qu'il écrivait dans le Journal Voir pendant mon CÉGEP.

Bien qu'il ait été critiquer dûrement lorsqu'il a fait le saut au Journal de Montréal, lui qui a si ardamment contesté la convergeance des médias, dont principalement celle de Québécor, je maintiens qu'il est un des rares au Québec à mon avis qui peut se vanter de constamment être capable se démarquer du fort courant populaire "politically correct" et d'avoir maintenu sa très grande indépendance d'esprit qui lui est propre.

Encore une fois pour ce qui est de l'article, je suis d'accord à 100 % avec lui. J'écoute moins de 8 heures de télé par semaine, le hockey inclus et j'ai l'impression souvent de passer pour un extra-terrestre lors de certaines discussions parce que je manque la majorité des émissions dites "populaires" qui tirent des 1,5 millions à 2 millions de côte d'écoute.

Sur ce, je vais laisser la parole à tes autres lecteurs puisque après tout, Martine, C'EST TON BLOG !!!:)

En terminant, merci de nous avoir fait part de cette article du ELLE QUÉBEC, magazine que je ne lis pas pour une raison disons ... assez évidente !!!

Robert B.

-xxx-